Ambleteuse

L’estran d’Ambleteuse

(Boulonnais)

Les strates visibles sur l’estran depuis la moitié nord de la digue d’Ambleteuse appartiennent au sommet du Kimméridgien ( formation des grès de Châtillon et membre inférieur des argiles de Châtillon) et à la base du Tithonien (membre supérieur des argiles de Châtillon et formation des grès de la Crèche).

Banc de tourbe holocène discordant sur le Jurassique plissé et érodé

Ces strates jurassiques, globalement à pendage sud, permettent de remonter la série depuis l’extrémité nord de la digue (affleurement des grès de Châtillon présentant de belles figures de sédimentation, bioturbations et rides de plage) vers le sud (barre des grès de la Crèche facilement identifiable vers le milieu de la digue).

Selon l’ensablement de la plage, les argiles de Châtillon sont plus ou moins visibles. La discordance du banc de tourbe sur les formations jurassiques reste cependant bien visible. On remarquera que la tourbe est localisée dans une dépression étroite au niveau de l’affleurement des grès de la Crèche (surface d’érosion correspondant vraisemblablement à un ancien talweg).

Un banc de tourbe holocène repose en discordance sur le jurassique plissé et érodé. L’érosion marine actuelle réduit progressivement son épaisseur. Quelques souches sont toujours visibles. La disposition du banc sur l’estran actuel laisse penser que la tourbière occupait un fond de vallée ; un niveau tourbeux qui apparaît quelques centaines de mètres plus au nord, sous le sable dunaire en serait le prolongement. L’érosion marine a, depuis, fait reculer la ligne de rivage : la tourbe est maintenant sur l’estran. Sa présence actuelle dans la zone de balancement des marées témoigne d’un relèvement du niveau marin.

Sous le banc de tourbe les racines s’enfoncent dans le sol fossile disposé horizontalement, en discordance sur les argiles de Châtillon ou les grès de la Crèche.

Malgré la disparition progressive de la tourbe suite à l’érosion marine actuelle, quelques souches sont toujours visibles.

Un banc de tourbe de 95 cm d’épaisseur, qui pourrait être de même âge, situé deux kilomètres plus au sud sur l’estran, au niveau des dunes de la pointe aux Oies a été daté au 14C. L’édification de la tourbe s’est étendue sur un millénaire environ (4 700 à 3 610 BP). Sous ce niveau de tourbe a été décelée une industrie néolithique.

 

Références bibliographiques :

– Recherches palynologiques et datations 14C dans les régions côtières du Nord de la France – L’Holocène de la Pointe-aux-Oies (Wimereux, Pas-de Calais) par A.V. Munaut et E. Gilot – Annales de la Société Géologique du Nord, Tome C 1980.

– Sédimentologie et biostratigraphie des dépôts kimméridgiens et tithoniens du Boulonnais par Deconinck, Geyssant, Proust et Vidier – Ann. Soc. Géol. du Nord T.4 (2éme série) p. 157 – 170. Novembre 1996.

– « Quelques notions fondamentales de stratigraphie / Analyse d’une série du Kimméridgien – Tithonien » dans « Géologie du Boulonnais »

 

Jean Michel Magniez