Guémy : panorama du pays de Brédenarde

Secteur méridional de la carte, concernant  la vallée de la Hem aux versants montrant un aménagement étagé et des cultures en relation avec la pente et la nature du sous-sol, depuis les bois résiduels et landes occupant les hauteurs, les départs de valleuses sous-jacents et les champs aux sols érodés jusqu’au fond de vallée bocager. Cette carte met aussi en évidence la ligne de hauteurs matérialisant le contact  entre le Haut-Artois crayeux et sec, consacré aux cultures en  open-field  et le bocage du Pays de Brédenarde.

Carte simplifiée du secteur concerné

Contexte géologique

Carte de Guînes au 1:50 000ème

Secteur méridional de la carte, concernant  la vallée de la Hem, ainsi que la ligne de hauteurs matérialisant le contact  entre le Haut-Artois crayeux  (sénonien et Turonien) et le bocage argileux du Pays de Brédenarde  (faciès argileux du Landénien, dont de l’argile de Louvil). Ce relief est installé sur les éboulements de l’ancienne falaise tertiaire et quaternaire ceinturant ce qui va devenir par la suite la plaine maritime.  

Ci-dessous quelques données issues de l’Université des Sciences et Techniques de Lille (d’après Colbeaux, Debuyser…) et d’une brochure  illustrant la paléogéographie de la zone à la fin du Crétacé :

Excursion de géologie

Introduction : suivi de l’évolution du modelé du paysage local au fil du trajet.

Le collège est situé dans le pays de Brédenarde.

-Le mot Brédenarde vient du mot saxon  « Breden –Arden » qui signifiait: « vaste plaine », à une époque ancienne où les rivages et les terres cultivées n’étaient pas encore fixées comme maintenant.

Le pays de Brédenarde est situé entre 10 et 12 m d’altitude. Il est riche en argile (en témoignent les briques et tuiles de l’habitat traditionnel local produites à partir d’argile moulée et cuite). L’argile est omniprésente. C’est un bocage ancien.

-Durant le trajet vers Tournehem, on peut observer une ligne de hauteurs qui domine Recques et Polincove, ainsi que le sud du Brédenarde : elle délimite les abords du plateau d’Artois.  Sur place, on peut constater que les pentes y sont plus fortes, les champs plus secs et l’herbe des pâturages moins verte, sauf en fond de vallée.

-Au passage,  au moulin de Tournehem, on peut décrypter sur un linteau, une devise et une armoirie anciennes : «  Nul ne s’y frotte ». Il s’agit de celles d’Antoine de Bourgogne qui  était le seigneur de Tournehem (La Hem est une rivière). Tournehem possède les vestiges d’un château-fort, tout en craie taillée et plus haut c’est Guémy avec un moulin. Là, dans la vallée de la Hem, l’habitat ancien est plutôt en craie (murs, sous-sols).

Remontée du versant nord de la vallée

On découvre les champs présentant un sol clair raviné laissant apparaître la craie. Dans bien des surfaces cultivées remembrées, les talus qui permettaient de casser les pentes, pour éviter et limiter le ruissellement, ont été supprimés. Les effets  sont visibles : il s’agit de l’érosion des sols.

Panorama découvert à partir du rebord du plateau d’Artois

Photographie orientée vers le nord : au premier plan érosion des sols et en contrebas bocage du Brédenarde.

  • Au premier plan, rebord du plateau d’Artois, avec ses champs secs au sol érodé qui laisse apparaître la craie du sous-sol.
  • En arrière-plan, Brédenarde bocager verdoyant, le collège est déjà loin, masqué par les rangées d’arbres, dans la direction du château d’eau blanc qui pointe.
  • Un croquis peut être effectué.. Ce travail peut aider à faire émerger des interrogations et des explications relatives aux différences observées.

Le talus crayeux proche

On remarque un sol portant des herbes sèches de la famille des Poacées.

Le sous-sol est formé de craie :

 Altération du banc de craie en plaquettes

Des diaclases sont de grandes fissures. Au pied du talus, des éboulis de matériaux meubles s’accumulent. L’érosion a provoqué la chute des fragments et des blocs de craie. L’étude des agents d’érosion possibles et de leur action peut être menée en classe. Le talus évolue suite à ces éboulements à répétition. Là encore, ces observations sont sources de nombreuses interrogations qui peuvent débpucher sur des études menées en classe.

Origine de la craie du plateau d’Artois.

Un sentier permet de rejoindre la chapelle Saint-Louis, sur la lande qui surplombe notre parking. La chapelle St Louis date du Moyen Age. Elle a environ 600 ans. Ce fut le seigneur Antoine de Bourgogne qui la fit construire. Elle est très délabrée.

La craie du Sénonien a servi de pierre de taille (carrières souterraines fermées au nord de Guémy). L’édifice est composé de blocs de craie. Ils sont usés par l’érosion (vent, eau, gel) et le vandalisme humain et laissent apparaître les fossiles qu’ils renferment.

Test de Micraster breviporus et à sa gauche fragment de piquant

On y reconnaît des coquillages, des oursins et leurs piquants qui attestent d’une origine marine. De retour en classe on pourra effectuer une reconstitution  paléogéographique de la région à l’époque du Sénonien.

 Conclusion :

L’excursion a permis de comparer quelques propriétés des roches de l’environnement proche et de comprendre les conséquences de leur érosion sur l’évolution du modelé du  paysage local.

Ainsi sur cette photographie du rebord du plateau d’Artois à la descente vers Louches, on reconnaît les pentes crayeuses laissées par les éboulis de l’ancienne falaise qui bordait la Plaine maritime et l’actuel Brédenarde, après plusieurs milliers d’années laissées à l’érosion.

Par contre en Brédenarde, chaque pluie importante fait apparaître de nouveaux ravinements dans les terres argileuses des champs cultivés. Ce qui conduit à l’envasement et au comblement progressif des fossés et cours d’eau par tous ces limons.

Ces différences se répercutent aussi au niveau de la végétation. Il est possible d’observer quelques espèces typiques des pelouses calcicoles proches, comme les campanules agglomérées :

Aspects pratiques

 Itinéraire préconisé : Rejoindre la Nationale St-Omer _ Calais, gagner Nordausques en traversant le pays de Brédenarde, bocage de transition entre la Plaine Maritime Flamande et l’Artois. Puis  remonter vers le rebord du plateau d’Artois par la Nationale qui traverse Nordausques vers Saint-Omer et enfin à la sortie de Nordausques, prendre la direction de Tournehem et de Licques en empruntant la vallée de la Hem. Passer sous les remparts de Tournehem, ancienne cité d’Antoine de Bourgogne, bâtard royal et connétable de France,  puis accéder à Guémy et tourner à droite pour traverser la Hem et monter le versant Nord de la vallée jusqu’au parking aménagé en point de vue dominant la Plaine Maritime depuis les hauteurs du « Blanc Nez » jusqu’au port de Dunkerque, avec parfois vue sur l’Angleterre. Une table d’orientation a été installée sur le sentier pédestre conduisant à la Chapelle Saint-Louis, autre vestige témoignant cette fois de la foi du même connétable Antoine de Bourgogne.

Retour possible par Nort-Leulinghem avec observation d’une ancienne carrière sur le côté du village. Cette ancienne exploitation a fait office de marnière par le passé et sa description ne peut être que visuelle car elle sert actuellement de dépôt de remblais et déblais à une société de travaux publics et est donc ceinturée à cet effet d’un grillage épais de protection. Sinon un site analogue peut être aperçu à la carrière « OMYA » dont l’accès est plus commode par l’une des départementales reliant la Nationale Nordausques-Saint-Omer au village de Mentque-Norbécourt et qu’il faut emprunter sur la doite dans la ligne droite juste avant les abords de Moulle.