Nous voyons trop souvent nos élèves se perdre dans l’étape cruciale de la mémorisation. En tant qu’enseignant, j’observe régulièrement qu’une majorité d’entre eux ne révisent pas de manière optimale.
La plupart se contentent de relire leurs synthèses ou de survoler leurs notes, persuadés que la répétition passive suffira à ancrer les connaissances. D’autres font faire l’effort de réaliser des fiches de révision sans prendre en compte l’importance de reformuler et de s’approprier les concepts.
Ces méthodes, bien que rassurantes en apparence, sont pourtant peu efficaces. Elles reposent sur une approche passive, limitant l’implication active du cerveau et donc la rétention à long terme. Ce phénomène, bien connu des neurosciences, est souvent qualifié d’« illusion de l’apprentissage » : nous croyons savoir, mais en réalité, nous ne faisons que reconnaître l’information sans l’avoir véritablement assimilée.
Pour renforcer cette mémorisation, il est essentiel de favoriser des méthodes actives, qui stimulent les connexions neuronales. Parmi celles-ci, les flashcards se démarquent par leur efficacité. C’est ce que nous allons explorer dans cet article.
Le processus de mémorisation
Pour comprendre pourquoi certaines méthodes de révision sont plus efficaces que d’autres, il est essentiel de revenir sur les différentes étapes de la mémorisation.
Le processus d’apprentissage ne se limite pas à l’exposition à l’information, il implique un ensemble d’étapes clés : l’encodage, la consolidation et la récupération.
Ces étapes vont ainsi mettre en lumière deux phénomène : l’oubli et la nécessité de mettre en place une stratégie de répétition espacée.
L’oubli survient lorsque l’information n’est pas consolidée ou suffisamment révisée.
La « courbe de l’oubli », théorisée par Ebbinghaus, montre que nous perdons rapidement une grande partie des informations nouvellement acquises, surtout dans les premières 24 heures. Sans réactivation, ces informations s’effacent progressivement.
Cette réactivation peut ainsi passer par une stratégie de répétition espacée. Elle va permettre de renforcer les connexions neuronales et d’ancrer durablement les connaissances. En révisant une information à intervalles réguliers, le cerveau réactive les circuits neuronaux associés, ce qui ralentit l’oubli et facilite la récupération future.
La répétition est donc essentielle pour transformer une information temporaire en un souvenir à long terme.
Présentation des Flashcards
La méthode des Flashcards (« cartes mémoires »), est une méthode d’apprentissage active [1]qui s’appuie sur l’utilisant de cartes de révision afin de faciliter la rétention et la compréhension des informations.
Sur le fond, chaque carte aura pour objet de présenter une notion précise de votre cours et l’ensemble des informations qui s’y rattache (définition, illustration…).
Sur la forme, cette carte va prendre l’apparence d’une petite fiche cartonnée ou en format numérique, avec au recto la notion à étudier et sa place dans le programme de la matière. Au verso, l’ensemble des éléments à savoir pour comprendre cette notion.
Cette méthode s’appuie sur des principes neuroscientifiques permettant d’améliorer l’ancrage des connaissances à long terme, avec notamment :
[1] Au sens d’Edgar Dale (le cône de l’apprentissage)1. Répétition espacée : renforcer la mémoire à long terme
Les flashcards facilitent la répétition espacée , une technique qui consiste à revoir l’information à intervalles croissants. Ce processus permet de réactiver les connexions neuronales à chaque révision, consolidant ainsi la mémoire à long terme.
2. Chunking : structurer l’information pour mieux la retenir
Le chunking permet de diviser des informations complexes en unités plus petites et digestes. Les flashcards segmentent ainsi les concepts, ce qui aide à réduire la charge cognitive et à assimiler plus facilement des ensembles de connaissances plus larges.
3. Ancrages mémoriels multiples : mobiliser différentes mémoires
Les flashcards exploitent plusieurs ancrages mémoriels :
- Visuel : La présentation des informations sollicite la mémoire visuelle.
- Sémantique : Définitions et explications des notions.
- Kinesthésique : Manipuler ou utiliser activement les cartes stimule d’autres types de mémoire.
4. Effet de test : renforcer par la récupération
L’effet de test des flashcards est un levier clé. Se tester régulièrement est plus efficace que relire passivement, car cela engage activement la mémoire et renforce les connexions neuronales.
5. Apprentissage des erreurs : corriger rapidement
Les flashcards offrent un feedback immédiat, crucial pour corriger les erreurs et ancrer les bonnes réponses. En neurosciences, l’apprentissage par l’erreur renforce la plasticité neuronale et améliore la rétention.
6. Apprentissage personnalisé : cibler les lacunes
Les flashcards permettent une personnalisation de l’apprentissage, en ciblant les zones de faiblesse spécifiques de l’élève. Cela rend la révision plus efficace en concentrant les efforts là où ils sont nécessaires.
La recette d’une bonne Flashcard
Une flashcard efficace doit être simple, claire et optimisée pour favoriser la mémorisation. Voici les 4 éléments principaux à respecter dans la rédaction de sa Flashcards :
Les différents modes d’utilisation
L’un des principaux atouts de la Flashcard est son adaptabilité à différents modes d’utilisation, permettant de varier les approches et ludifier la phase de mémorisation. On peut ainsi les utiliser de la manière suivante :
La mise en place concrète en classe
L’utilisation des flashcards en classe peut être grandement facilitée par des outils numériques, qui rendent leur création et leur utilisation plus interactives et engageantes.