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Note d’accueil des professeurs contractuels de lettres

Cette note, adressée aux personnels recrutés comme professeurs contractuels de lettres dans l’académie de Lille et qui vont bientôt prendre en charge des classes, a été rédigée par Olivier MARKWITZ, IA-IPR de Lettres, en charge de l’accompagnement des professeurs contractuels et Frédéric CASIEZ, IA-IPR de Lettres, en charge du dossier formation en Lettres.
Elle a pour but de les aider dans leur prise de fonction, d’exposer brièvement les principaux enjeux et finalités de l’enseignement des Lettres et de rassembler dans ce guide quelques ressources qui pourront vous être utiles.

Vous avez été recruté en tant que professeur contractuel de Lettres dans l’académie de Lille et vous allez bientôt prendre en charge des classes. Avant tout, nous vous souhaitons la bienvenue dans ce métier et ce territoire dont vous percevrez sans tarder les atouts et les défis que nous devons collectivement relever.

Pour vous aider dans votre prise de fonction, nous avons souhaité exposer brièvement les principaux enjeux et finalités de l’enseignement des Lettres et rassembler dans ce guide quelques ressources qui pourront vous être utiles.

Mais, si nous nous sommes attachés à vous donner quelques clés pour concevoir et mettre en œuvre vos cours, nos conseils ne sauraient, à eux seuls, apporter toutes les réponses aux questions qui ne manqueront pas de se poser à vous. Pour cette raison, nous vous invitons à vous rapprocher de vos chefs d’établissements et de vos collègues qui vous apporteront de précieux conseils. Enfin, pour comprendre la place et les rôles du professeur de Lettres dans le système éducatif, nous vous recommandons de lire Le Référentiel des compétences professionnelles qui présente les objectifs communs à tous les professionnels du professorat et de l’éducation.

ENSEIGNER LES LETTRES

La séquence d’enseignement.

La séquence d’apprentissage proposée à la classe trouve sa cohérence dans le projet d’étude que le professeur conçoit pour faire lire une œuvre intégrale ou des extraits qu’il regroupe. Si les programmes offrent de vastes champs d’investigation, il revient au professeur d’y tracer un chemin particulier, suivant un questionnement singulier dont l’objectif est de mobiliser et de tendre la réflexion de la classe. Les séances seront alors autant de réponses apportées à ce questionnement.

On peut ainsi étudier La Belle et la Bête en se demandant si le lecteur peut se satisfaire pleinement de l’issue du conte. Cette question déterminera alors le choix des textes les plus pertinents à étudier. Le projet d’étude que dessine le professeur le préserve de la tentation de l’exhaustivité. Il fixe un cap précis qui permet d’éviter de multiplier les chemins de traverse où le plus souvent les élèves se perdent peu à peu. Enfin, ce projet d’étude permet de préparer progressivement à l’exercice de la dissertation. Le questionnement initial, chargé de lancer l’étude, devient aisément en fin de séquence un sujet de réflexion chargé d’évaluer la qualité de la lecture qu’ont faite les élèves de l’œuvre ou du groupement.

Écouter, dire.

Les programmes accordent toute sa place à l’oral. Ils nous rappellent que la capacité à s’exprimer oralement fait l’objet d’un véritable apprentissage. Il est clair désormais que cet objectif ne se suffira plus de la seule préparation aux épreuves orales des examens, ni des ressources imparfaites de la séance dialoguée, qui a certes ses mérites, mais que nous devrons dépasser : pour garantir et affiner la compréhension de ce qui est dit ou lu, si l’on cherche à renforcer l’expression en continu et en interaction, la parole doit pouvoir s’installer, se déployer, ce qui naturellement favorise l’écoute et le goût d’échanger. Les séances peuvent donc être aussi construites sur la parole de la classe, cet oral du quotidien en somme.

En tant qu’objet d’apprentissage, l’oral s’enseigne selon une progression et à partir d’activités variées, régulières et fréquentes qui font l’objet d’une évaluation au même titre que l’écrit. Les programmes proposent différents types d’exercices parmi lesquels on retiendra la lecture à voix haute, les exercices de récitation, la prise de parole préparée, les oraux codifiés (EAF, DNB)

Pour conclure, rappelons avec Voltaire que « l’on parle toujours mal quand on n’a rien à dire »1. L’art du professeur est de mettre l’élève en situation d’avoir quelque chose à dire, de stimuler son envie de le dire et d’en faire un matériau de la construction de ses apprentissages. La littérature doit ici trouver toute sa place : elle est notre support essentiel et gageons que si nous choisissons bien nos textes, notre désir d’en parler en sera plus contagieux.

1 Commentaires sur Corneille, Œuvres complètes de Voltaire

Lire

Bien entendu, l’une des finalités essentielles du cours de Français est de permettre à chacun de découvrir et de cultiver le goût de la lecture et de l’étude des textes, ce qui suppose une approche sensible et intelligente des œuvres, susceptible de rendre nos élèves capables de comprendre et d’apprécier les textes, de se saisir notamment d’une littérature patrimoniale, ce qui n’exclut bien sûr ni les textes contemporains, ni les formes nouvelles de la création littéraire. En abordant les littératures francophones comme les littératures étrangères et régionales le professeur sensibilise les élèves à la diversité des cultures du monde. Il revient bien entendu à chaque professeur d’apporter les connaissances qui donneront la possibilité d’explorer la singularité des œuvres choisies.

Engager la réflexion de la classe sur un texte que l’on a choisi est une étape essentielle du travail du professeur de Lettres. La préparation de ce moment inaugural est en effet une clé de la motivation des élèves en ce qu’elle peut favoriser leur rencontre avec le texte ou, au contraire, la compromettre. L’enjeu est de placer au plus vite les lecteurs, par un questionnement ouvert ou une activité engageante, au coeur de ce pour quoi le texte a été choisi. Et c’est sans aucun doute quand la littérature donne « son coup de hache dans la mer gelée qui est en nous » comme le disait Kafka, que l’on parle le mieux de nos grands textes : « Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?»2

2 Lettre à Oskar Pollak, Œuvres complètes, La Pléiade, tome 3

Les programmes prescrivent le nombre et les modalités de lectures à pratiquer au collège comme au lycée :
L’explication du texte littéraire
Quelle que soit la méthode choisie, l’explication littéraire doit éviter deux écueils : celui de la tentation de l’exhaustivité ; celui du simple relevé de procédés, ce « cadastrage technique »3 du texte. L’enseignant alterne des phases collectives et individuelles pour construire l’étude en montrant comment chaque texte, dans sa spécificité, parle du monde et des hommes. L’explication du sens du texte peut passer par une exploration du contexte historique qui conditionne la bonne compréhension des œuvres et par une observation attentive de la langue et de ses jeux. Enfin, la lecture peut utilement être stimulée par des activités d’écriture, d’oral ou d’étude de la langue qui aident les élèves à comprendre les textes. Le professeur peut ainsi par exemple prévoir des exercices de mise en voix, d’analyse d’un fait de langue, d’écriture d’intervention, de résumé, de synthèse.

3 Patrick LAUDET, « Explication de texte littéraire : un exercice à revivifier » https://media.eduscol.education.fr/file/Francais/09/5/LyceeGT_Ressources_Francais_Explication_Laudet_1820 95.pdf

La lecture cursive

Elle complète les œuvres intégrales et groupements étudiés en classe et permet de développer le plaisir de la lecture. Le professeur peut donc à ce titre offrir à ses élèves la liberté de choisir une œuvre ou leur imposer des lectures adaptées aux compétences de chacun. Mais, si elle se pratique en grande partie hors de la classe, elle est exploitée en cours et s’intègre à la dynamique de séquence en proposant des ouvertures et des compléments aux lectures faites en classe. Le professeur doit donc s’assurer de la pertinence des lectures choisies et les accompagner en proposant des activités de restitution motivantes (carnet de lecture, autobiographie de lecteurs, débats…).

Écrire

Afin que nos élèves deviennent progressivement capables d’exposer et de développer un propos, nous savons à quel point il est précieux de leur faire produire des écrits variés (écrits fonctionnels, fictionnels, et de commentaire), progressifs (écrits par strates, écrits intermédiaires, brouillons), dans le quotidien des pratiques de classe.

Les élèves doivent pouvoir s’exercer régulièrement et fréquemment à produire des écrits pour créer, imaginer, justifier un point de vue, analyser, synthétiser…

Enseigner la langue

Rappelons en préambule que la Grammaire du français. Terminologie grammaticale.4 constitue la référence commune à tous les professeurs, de l’école au lycée. En complément de cet ouvrage, La grammaire du français du CP à la 6e est également disponible5. Cet ouvrage est consacré aux contenus grammaticaux des programmes des cycles 2 et 3. Il propose une approche didactisée des contenus grammaticaux à enseigner.

4 https://eduscol.education.fr/document/1872/download
5 https://eduscol.education.fr/document/45262/download?attachment

C’est une évidence, la maîtrise de la langue conditionne l’accès des élèves à tous les enseignements disciplinaires. Son étude est donc incontournable, au collège comme au lycée, et nous devons tous veiller à ce que cette partie du programme ait la juste place qui doit être la sienne. Puisque « les maux de grammaire se soignent par la grammaire, les fautes d’orthographe par l’exercice de l’orthographe [….] »6 des séances consacrées à l’étude de la grammaire et du vocabulaire doivent être mises à l’emploi du temps hebdomadaire de la classe.

6 Daniel Pennac, Chagrin d’école, éditions Gallimard, 2007

Nous vous renvoyons ici à d’autres ressources qui vous aideront à comprendre les enjeux de l’enseignement de la grammaire et du vocabulaire au collège et au lycée et à concevoir vos séances :

  • « Ressources pour l’étude de la langue au lycée » sur Eduscol : https://eduscol.education.fr/lettres/actualites/actualites/article/ressources-pour-letude- dela-langue-au-lycee.html)

ENSEIGNER LES LANGUES ET CULTURES DE L’ANTIQUITE

Les séquences de langues anciennes visent plusieurs objectifs. Il s’agit de faire acquérir des éléments de culture littéraire, historique et artistique en faisant dialoguer les textes avec les œuvres plastiques et les supports documentaires pertinents ; l’étude de cette culture doit aussi être l’occasion de rapprochements avec des œuvres modernes et contemporaines, tant pour montrer l’héritage antique de nos cultures européennes que pour mener une réflexion sur l’altérité.

Les élèves doivent également lire, comprendre, traduire, interpréter des textes authentiques en variant les approches et les modes de traduction ; la lecture gagne à être appliquée à ces textes anciens. Le professeur doit aussi leur faire comprendre le fonctionnement de la langue en tant que système.

Enfin, on insistera tout particulièrement sur l’acquisition réfléchie du lexique, en l’abordant par familles de mots, afin que cet apprentissage conduise l’élève à mieux maîtriser la langue française. Vous trouverez sur le site académique Menapia, consacré aux Langues et Cultures de l’Antiquité (LCA) des informations complémentaires ainsi que des exemples d’activités. Des ressources consacrées aux enseignements de latin et grec (cycle 4) sont également en ligne à l’adresse suivante : http://eduscol.education.fr/cid101488/langues-cultures-antiquite-enseignement- complement.html.

ENSEIGNER LES LETTRES ET DEFENDRE LES VALEURS REPUBLICAINES

Les enseignements et les apprentissages liés à notre discipline trouvent une place déterminante dans l’effort collectif de réaffirmation des valeurs républicaines. Comment ne pas voir par exemple qu’une bonne maîtrise de notre langue constitue une priorité absolue, si nous voulons offrir à nos élèves un véritable accès à l’autonomie et à la culture, dont nous savons le pouvoir émancipateur ?

À bien des égards encore, notre discipline offre donc à chaque élève la possibilité d’aiguiser son esprit critique et sa sensibilité, sa capacité à analyser et à s’émouvoir – autant de qualités qu’un individu doit développer pour mieux se connaître et pour mieux vivre avec ses semblables.

EVALUER

L’évaluation ne donne pas nécessairement lieu à l’édition d’une note, mais elle est, dans tous les cas, l’analyse argumentée du travail d’un élève à destination de lui-même et de ses parents. Elle est également indispensable au professeur car elle lui permet d’évaluer finement les connaissances et compétences en cours d’acquisition. Bienveillante, elle s’appuie sur ce qui a été effectivement travaillé et valorise ce qui est acquis ; exigeante, elle explicite ce qui reste à acquérir.

PROGRAMMES ET AUTRES RESSOURCES

Collège

Lycée

Olivier MARKWITZ,
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