Réalisé par Delphine Wissocq
CASEAD Commission Académique de Suivi des Enseignements Artistiques Danses et Arts du cirque
Novembre 2020
Qui n’a pas eu envie ces derniers mois de libérer nos élèves de la lourdeur de cette crise sanitaire, d’insuffler une étincelle de vie en chacun d’eux, en chacun de nous, de les faire voyager ?
Les arts vivants n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Les initiatives artistiques sur la toile nous ont reconnectés avec la vie pendant cette période de confinement, ont tissé des liens et nous ont gardés unis.
Aujourd’hui plus que jamais, alors que nos élèves sont une nouvelle fois coupés de leurs pratiques physiques et artistiques en dehors de nos établissements, il semble important de les inviter à pratiquer chez eux et pourquoi pas, de les faire danser ?
Présentiel, distanciel ? Avec des jeux de consignes et une alternance « théorie – pratique », la danse permet d’entrer dans un processus de création artistique tout en maintenant une pratique active.
Envie de sauter le pas, d’entrer dans la danse de ces belles initiatives, vous manquez d’idées ou vous avez simplement envie de découvrir de nouvelles pistes pour vos prochains cours, nous allons vous proposer un florilège de possibles et partager avec vous quelques pistes compatibles avec la situation sanitaire actuelle. Vous trouverez dans cet article de nombreuses ressources et la possibilité de faire découvrir le spectacle vivant autrement en attendant la réouverture des salles.
LA DANSE : UN ART LIBÉRATEUR
La danse est un art salvateur, libérateur. Il aide l’élève à exprimer son ressenti, ses émotions grâce au langage du corps. Il est parfois difficile de trouver les mots mais le corps a son propre langage. La danse plonge au plus profond de nous et fait jaillir l’insoupçonné, l’émotion enfouie.
Nous nous sommes tous rendu compte de l’impact que l’enfermement a eu sur nos corps. Nous vous invitons à découvrirle documentaire de Valérie Müller « Danser sa peine » qui évoque le travail d’Angelin Prejlocaj avec des femmes détenues à la prison des Baumettes à Marseille.
La libération des corps est palpable. La danse a opéré sur ces femmes une véritable métamorphose. Gageons qu’elle aide aussi les adolescents que nous côtoyons dans nos classes à se découvrir et pour certains à s’ouvrir au monde.
LA DANSE COMME ACTE DE RÉSISTANCE
Danser peut même devenir un bras de fer contre la mort, contre l’endormissement de nos esprits. Nadia Vadori Gauthier l’a bien compris, elle, qui, depuis les attentats de Charlie Hebdo en 2015 danse une minute par jour, partage un peu de poésie en réponse à la violence du monde. La danseuse a fait sienne la phrase de Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra » : « Que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas dansé au moins une fois. ».
Danses de confinement / Une minute de danse par jour de Nadia Vadori-Gauthier sur Vimeo.
Certains résistent par leur poésie, d’autres par leur bonne humeur et leur joie communicative et leur envie de partage. N’hésitez pas à aller découvrir l’expérience de quatre professeurs d’EPS du calaisis. Ensemble, ils ont créé une phrase chorégraphique avec les « gestes barrières ». Une manière ludique de transmettre ces gestes, mais aussi de faire danser leurs élèves, de tenir éloignées la maladie et la morosité. À leur manière et comme Pina Bausch, ils nous montrent qu’avec des gestes du quotidien, tout le monde peut danser.
LA DANSE : UN MOMENT DE PARTAGE
Les projets artistiques participatifs fleurissent ces dernières années. S’il y a un projet qui nous montre à quel point la danse transcende les âges, les disciplines ou esthétiques, c’est bien « Le Grand Bal » de Montalvo.
« Depuis la nuit des temps , les gens se rassemblent , dansent…» , nous dit Montalvo
Ce projet est à découvrir jusque juillet 2022 sur Arte Concert.
Un hommage à Pierre Henry, 50 ans après la présentation du ballet de Maurice Béjart à Avignon.
En proposant la relecture de 2015 par Hervé Robbe de Messe pour le temps présent, et la réappropriation de l’œuvre par des chorégraphes aux esthétiques variées (Delphine Caron, Sylvain Groud et Kaori Ito en danse contemporaine, Merlin Nyakam pour la danse africaine, Chantal Loial en danse afro-antillaise, Warenne Adien pour le Krump et Fouad Hammani en hip-hop), Montalvo rend hommage aux deux artistes et propose un nouveau regard sur l’œuvre dans une nouvelle temporalité.
Sur le plan pédagogique, explorer cette démarche ou la prolonger, peut être l’occasion de redécouvrir l’œuvre musicale électroacoustique de Pierre Henry (et celle de Béjart) et de questionner la problématique de la réécriture. La fiche d’HDA de Mme Gioradano du collège Paul Bert de Cachan peut ainsi vous servir de support. Elle offre un prolongement entre « Le Sacre du Printemps » et « Messe pour le temps présent » et questionne les notions de prolongement et de rupture . Ce lien vous permettra d’accéder à sa fiche d’Histoire des arts. Et pourquoi ne pas proposer aux élèves d’écrire leur propre version de « Messe pour le temps présent » ?
Du « Bal » de Montalvo au bal des réseaux.
À l’heure où la distance est de mise, il nous prend parfois l’envie de rêver à des projets intergénérationnels, inclusifs, réunissant des publics multiples et variés qui se répondent par vidéos, dans un monde où le numérique abattrait des murs. On l’a rêvé ? L’artiste Akhram Khan l’a fait sur la plate-forme Numeridanse avec le projet participatif «Animal Kingdom». En publiant un tutoriel avec une thématique commune liée au monde animal, des contraintes d’organisation et des comptes communs, il a invité les personnes intéressées à lui envoyer leur vidéo jusqu’au 30 octobre 2020. Hâte de découvrir le résultat. En attendant, vous pouvez voir les étapes du projet en suivant le lien :
Un savant alliage de danse et de vidéo et voilà que les distances s’effacent. Filmer la danse, pourtant art éphémère, art de l’instant devient un moment de partage et non plus seulement acte de mémoire. Nous avons sélectionné trois initiatives, la première réalisée par Cedric Klapisch avec les danseurs de l’Opéra de Paris, la seconde réalisée par Arstitik Studio à Arras et la dernière par l’enseignement danse du lycée Marceau à Chartres. Pour ceux qui voudraient découvrir davantage d’expériences pédagogiques en confinement ou voudraient en savoir plus sur la démarche du professeur Corinne Guillot au lycée Marceau, un dossier pédagogique est disponible sur le site Passeurs de danse.
SUR LES TRACES DES ARTISTES
De nombreux artistes s’interrogent sur la transmission de leur œuvre.
Une des élèves de l’école Mudra fondée par Maurice Béjart, Anne Theresa De Keersmaeker, célèbre chorégraphe belge, a mis en ligne un extrait de sa deuxième pièce «Rosas danst Rosas» créée en 1983. Avec Samantha Van Missen, elles expliquent en anglais, pas à pas, les différents mouvements de la « scène des chaises». La redécouverte de la pièce à l’aide de ces petites vidéos peut aussi être l’occasion d’un travail interdisciplinaire musique, danse, anglais, autour de la boucle et de la phrase répétitive.
La chorégraphe belge plaît aux jeunes au point d’être reprise par Beyoncé. Alors plagiat ou inspiration ? Le débat peut être lancé à partir du lien ci-dessous et faire réfléchir aux notions d’emprunts, de citations…
ET SI ON VOYAGEAIT ?
Une envie d’évasion ? La chaîne Arte concert nous offre la possibilité de découvrir ou redécouvrir des ballets contemporains. Et s’il y a un coup de cœur à partager sans modération, ce serait le spectacle «Nomad» de Sidi Larbi Cherkaoui.