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Lancer un travail d’écriture à l’aide d’un agent conversationnel

Isabelle Burghgraeve, professeure documentaliste et Anne-Lise Rosselle, professeure de lettres au collège W. Cobergher de Bergues, travaillent en collaboration avec des élèves de 3ème sur la thématique de la Première Guerre mondiale. 

Contexte : 

Les élèves de 3ème passent deux heures en salle pupitre du collège avec la professeure documentaliste et la professeure de lettres pour qu’ils réalisent un travail d’écriture à l’aide d’un agent conversationnel créé grâce à Mizou.com. Pour motiver les élèves, le travail proposé se base sur la représentation IA du soldat inconnu utilisée lors de la séance de recherche documentaire au 4C. 

Public : 27 élèves d’une classe de 3e 

Objectif : 

Utiliser l’intelligence artificielle comme assistant pédagogique des professeurs afin d’apporter une aide individualisée.

Compétences :

EMI

CRCN

Psychosociales

Déroulé : 

Première heure : 

  • Accueil des élèves en salle pupitre / appel
  • Les élèves se connectent et ouvrent leur session. 
  • Les enseignantes expliquent les objectifs du travail d’écriture. 
  • Le libellé du sujet leur est donné : 

“Aide le Soldat inconnu à retrouver la mémoire. Dans un premier temps (1ère heure), tu dialogues avec l’agent conversationnel (ou chatbot) pour t’aider à trouver des idées. Dans un second temps (2ème heure), tu rédiges la réponse finale au Soldat inconnu, en 30 lignes, à rendre sur copie au professeur à la fin des deux heures.”

Nous leur expliquons, à l’oral, les critères d’évaluation du travail d’écriture, qui correspondent à la notation en vigueur pour le brevet (les 4 paliers). Les attendus sont écrits au tableau blanc pour que les élèves les aient sous les yeux, tout le temps de la séance : 

→ Au moins 10 interactions avec le chatbot

→ Utiliser les références aux textes littéraires et aux œuvres picturales étudiées en cours de français, dans la séquence sur la Première Guerre mondiale (les élèves ont le droit de consulter leurs manuels de français dans lequel se trouvent les œuvres)

→ Soigner l’orthographe, la syntaxe et la formulation des phrases

→ Ne pas ouvrir de page web autre que celle du chatbot, hormis l’utilisation du dictionnaire en ligne Usito

Au vidéo-projecteur, nous montrons aux élèves comment ouvrir leur session avec Mizou. Afin de gagner du temps, le lien leur est partagé via Netsupport School : https://mizou.com/login-thread?ID=a0PHzzlJ6VT5hlT7iRF_sSGPBz2DlB2JakgMeWMeB9E-44967

Ils interagissent avec le chatbot pendant le reste de la première heure.

Deuxième heure : 

Après la récréation, les élèves ont pour consigne de ne plus interagir avec le chatbot concernant le contenu de leur rédaction. Nous leur demandons de demander à la représentation du Soldat inconnu d’organiser les idées qui ont été développées juste avant afin de mettre en forme leur travail d’écriture.

Les élèves passent à la phase d’écriture sur feuille avec pour consigne de s’appuyer sur les échanges avec le chatbot et les connaissances qui ont été convoquées. Ils ne doivent plus utiliser leur clavier.

Fin de la séance, les copies sont ramassées.

Bilan réflexif : 

→ Lien de partage “enseignant” vers le chatbot : https://mizou.com/preview-bot?ID=43775

Globalement, le bilan est très positif : tous les élèves ont écrit alors qu’habituellement l’exercice d’écriture les rebute car cela les met souvent en difficulté. 

Le support est attractif et a suscité la curiosité des élèves les plus récalcitrants. Nous avons également entendu des élèves dire “C’est trop bien, il m’a félicité pour ce que j’avais écrit”, “oui, moi aussi”

En revanche, nous avons remarqué que les formulations générées par l’intelligence artificielle sont parfois maladroites, ou alors qu’elle reformule un peu trop à la place de l’élève. Nous avons également noté qu’un élève n’a pas joué le jeu et le chatbot a alors mis fin à la conversation ; nous lui avons alors enjoint de relancer la conversation.

Le chatbot corrige certaines fautes d’orthographe alors que, dans le prompt, nous lui avions demandé seulement d’encourager les élèves à écrire correctement sans faire de fautes.

Autre point intéressant : une élève a interrogé le chatbot sur ce qu’il avait compris de ses explications. Voici ce qui lui a été répondu :  

Il fait donc une synthèse des échanges avec l’élève. Tel quel, cela ne correspond pas au sujet.

Nous avons voulu que le travail rendu soit manuscrit, sur papier, pour éviter le copier-coller. La machine n’intervient plus à ce moment-là car l’élève doit être évalué sur ses compétences langagières et ses connaissances propres (champ lexical de la guerre, des sentiments ; connaissance des œuvres étudiées) même s’il est certain que l’échange avec l’IA a influencé leur production d’écrit.

Il s’agit aussi de voir comment l’élève peut réussir à reformuler avec ses propres mots en ayant toujours en tête le sujet de départ (aider le Soldat inconnu à retrouver la mémoire).

L’écriture du prompt a demandé un temps de réflexion assez long qui a obligé à formaliser de manière très concise les objectifs attendus pour ce travail. C’était intéressant de voir comment le bot réagissait à nos consignes. Ce serait intéressant de demander à des élèves d’écrire des prompts et de tester leur propre agent conversationnel. Malheureusement, il faut obligatoirement se créer un compte ce qui ne serait pas compatible avec le RGPD.