IAG, le temps et la création

Présentation des acteurs, établissement et projet : 

Benjamin Taverne, Laëtitia Graziato, professeurs de lettres-histoire, et Mélanie Serret, professeure documentaliste, ont travaillé sur deux séances qui peuvent s’intégrer dans le cadre du programme de lettres-histoire de la classe de terminale bac pro (programme limitatif 2024-2027) ou de première bac pro (objet d’étude créer, fabriquer : l’invention et l’imaginaire).

Cette séance de deux heures s’intègre dans plusieurs axes des TraAM EMI 2024-2025 : 

• Axe 1 sur l’IA et l’intégrité de l’information, en mettant en lumière les limites de compréhensions des IA génératives en particulier lors de la génération d’images à partir d’expressions imagées et en invitant ainsi les élèves à critiquer le contenu généré, en s’interrogeant sur la pertinence de l’image produite, et donc à ne pas considérer les productions d’IA comme des vérités.
• Axe 3 sur l’IA, la propriété intellectuelle et les données personnelles en engageant une réflexion sur la notion d’auteur et de la différence entre fait par IA et fait avec IA.
• Axe 4 sur la compréhension technique et la sensibilisation aux biais en montrant que l’IA génère mais ne comprend pas et en faisant générer aux élèves des images potentiellement biaisées.
• Axe 5 sur la créativité numérique en invitant les élèves à l’écriture de prompts créatifs et à l’analyse des écarts entre intention et résultat. 

Contexte : 

Dans le cadre d’un travail sur l’intégration d’une acculturation aux outils d’intelligence artificielle dans les compétences EMI et/ou disciplinaires, les professeurs ont souhaité montrer l’importance du prompt, les limites actuelles des outils d’IAG et aborder les questions relatives à la notion d’auteur.

Public : 1ère ou terminale bac pro

En 1ère, l’objet d’étude est : 

• Créer, fabriquer : l’invention et l’imaginaire avec en “finalité et enjeux” 
• S’interroger sur les processus de la création artistique (cf programme).

En Terminale, le programme limitatif pour les années scolaires 2024-2025, 2025-2026 et 2026‑2027 est : 

• “Rythmes et cadences de la vie moderne : quel temps pour soi ?” (cf programme) avec des questionnements tels que “À cette précipitation devenue peut-être une explosion du temps dans l’immédiateté généralisée de l’ère numérique répondent cependant les aspirations à disposer d’un temps de loisir, du temps de vivre.” 

Objectifs : 

• Comprendre les limites et les potentiels des IA génératives,
• Développer un usage critique et raisonné des outils d’IAG,
• Réfléchir à la notion d’auteur et/ou au rapport au temps.

Compétences :

Supports :

Support à vidéo projeter pour le lancement :

Paroles de chansons et images générées pour le tirage au sort :

Déroulé :

Lancement de séance

Deux élèves volontaires miment différentes situations illustrant des expressions imagées (ex. : Une femme dit à son mari d’aller se faire cuire un œuf). Pour chaque scène, on projette l’image générée par un outil d’intelligence artificielle générative (ChatGPT avec DALL·E, Copilot, etc.).

Questionnement

• Les outils d’IAG comprennent-ils réellement le sens des expressions et des intentions humaines ?
• Comment amener un outil d’IAG à générer une image pertinente ?
  • Enrichir sa base de données avec des exemples.
  • Décrire précisément ce que l’humain imagine dans un prompt structuré et détaillé.

Analyse d’un cas concret

Projection du début du clip Ça va beaucoup trop vite de Bigflo et Oli (retrouvez ici les paroles), qui affirme être généré par une IA. Discussion autour des commentaires du public : une IA a-t-elle pu réaliser seule ce clip ?
Lecture d’un extrait de l’article de Numérama (on aurait également pu aussi utiliser celui-ci de Libération) expliquant que derrière cette vidéo, un artiste a en réalité travaillé plus d’une centaine d’heures avec un outil d’IAG, orientant et affinant la création.

Expérimentation par les élèves

• En binômes, les élèves piochent une phrase de chanson et l’image qu’une IAG a généré juste avec cette parole en guise de prompt. Ils repèrent les incohérences.
• Ils rédigent un prompt précis et détaillé pour illustrer cette phrase.
• Le prompt est envoyé aux enseignants, qui génèrent l’image à partir d’un compte professeur.
• L’image est imprimée, analysée et critiquée collectivement : l’IA a-t-elle bien compris la phrase ? Quels éléments manquent ?
• Un second essai est possible après réécriture du prompt.

Pourquoi les élèves ne génèrent-ils pas eux-mêmes les images ?

1. Éviter une génération massive et superficielle : L’objectif est d’exiger une réécriture réfléchie, plutôt qu’un simple ajout ou remplacement de mots.
2. Ne pas utiliser de compte d’élèves, en accord avec le RGPD.
3. Sensibiliser à l’impact écologique du numérique : Générer un trop grand nombre d’images alourdit l’empreinte carbone des outils d’IA. Il nous paraît essentiel de sensibiliser les élèves sur ce point. 

Production finale :

Le travail final se différencie selon si la séance concerne des élèves de première (processus créatif) ou de terminale bac pro (le temps). 

– Réflexion finale en première : qui est l’auteur quand on utilise un outil d’IAG ?

Si l’utilisateur fournit une contribution significative et créative, il est plus susceptible d’être considéré comme l’auteur. Si l’outil d’IAG génère la majeure partie du contenu de manière autonome, la question de l’auteur devient plus floue.

– Réflexion finale en terminale : le rapport au temps. Les outils d’intelligence artificielle permettent-ils réellement de gagner du temps ?

La majorité a reconnu leur utilité, notamment pour la création d’images numériques, une tâche qui serait autrement chronophage. Cependant, ils ont souligné que ces outils ne dispensent pas d’une analyse approfondie du texte, d’une réflexion créative et d’une définition précise des objectifs.

Exemples de réalisations :

Parole tirée au sort : « Le profil en wifi quand l’école est finie Rêvent de la belle villa dans les Fidji comme dans les films. » Biglo et Oli

Parole tirée au sort : « Rien peut m’ ramener plus en arrière que l’odeur d’ la pâte à modeler. » Orelsan

Parole tirée au sort : « Et les parents sont contents, ils ne voient pas la pagaille Ils s’occupent pas de leurs enfants, ils ont beaucoup de travail. » Biglo et Oli

Parole tirée au sort : « Ça va trop vite mon pote on a qu’une vie alors faudrait que je stoppe. » Biglo et Oli

Bilan réflexif :

• Les élèves pensaient que l’IA était plus « intelligente » et plus « autonome », qu’elle était capable déjà de faire un film ou un clip en entier.
• Les élèves ont apprécié l’activité, ils se sont mis volontiers à l’écriture des prompts, par curiosité de ce que l’IA allait en faire.
• Les générations ont permis de montrer des éléments de compréhension intéressant : limites éthiques (l’outil refuse de générer une image violente), biais (le personnage change de couleur de peau si on ajoute « quartier sale »).

Lire / regarder / écouter aussi :

Article publié le 30 avril 2025