Laëtitia Graziato, professeure de lettres-histoire et Mélanie Serret, professeure documentaliste, travaillent sur le roman La marraine de guerre de Catherine Cuenca dans le cadre d’une séquence ludifiée.
Ce projet s’inscrit dans le cadre des TraAM EMI 2024-2025.
Contexte : les élèves ont lu, à voix haute avec les enseignantes, 4 chapitres du roman. Ils doivent maintenant écrire un court texte décrivant un personnage du roman, tant sur le plan physique que sur son ressenti et ses goûts. Ensuite, ils doivent formuler un prompt que l’IA pourra analyser pour générer une image.
Public : une classe de terminale CAP.
Objectifs : faire lire et écrire les élèves tout en les invitant à mobiliser leurs connaissances historiques. Les amener à s’interroger sur le fonctionnement et l’utilisation de l’IA.
Compétences EMI
Compétences CRCN
Déroulé :
Lecture collective : le quatrième chapitre du roman est lu à haute voix par les élèves et les enseignantes.
Choix du personnage : chaque élève tire au sort ou choisit un personnage parmi ceux introduits dans les premiers chapitres.
Recherche d’informations : les élèves relisent les chapitres pour retrouver des détails spécifiques sur le personnage choisi (description physique, traits de caractère, émotions) et rédaction du texte : les élèves rédigent une description du personnage.
Critique d’un exemple (image ci-contre) : les enseignantes montrent une image qu’elles ont généré avec l’IA et le prompt utilisé. La première réaction des élèves est de dire que c’est une réussite puis ils observent et deviennent plus critiques : le soldat est trop bien coiffé, très propre, serein, il n’est pas protégé, la tranchée est impeccable, les hommes dehors ne se font pas attaquer… Les élèves se positionnent en tant que connaisseurs de la Première guerre mondiale et expliquent que cette image ne peut pas être qualifiée de réaliste. Ils en viennent à critiquer l’IA qui n’a pas « compris » qu’un soldat de la Première guerre mondiale dans les tranchées étaient forcément fatigué, sale… : « il faut lui mâcher le boulot, on doit tout lui dire ! ».
Explication des consignes : c’est maintenant à eux de rédiger, d’affiner leur prompt. On fera un premier essai puis ils pourront retravailler et nous tenterons un deuxième essai. Pourquoi pas plus ? car ça va les inciter à être précis et exigeants avec eux mêmes et que l’utilisation d’une IA pour générer des images pollue énormément.
Réflexion autour de la formulation d’un bon prompt : les élèves comprennent que s’ils ne sont pas précis dans leur description, l’IA ne générera pas une image pertinente. Pour des élèves qui sont souvent dans le refus d’écrire, c’est une invitation suffisante pour se remettre à l’écriture.
Formulation du prompt pour l’IA : ils rédigent leur texte sur un document partagé et viennent signaler à une enseignante quand ils sont prêts. Celle-ci copie-colle le prompt et génère l’image du personnage en présence des élèves. Ici, les enseignantes ont pris un compte payant sur ChatGPT mais l’expérimentation pourrait se faire avec Copilot de Bing par exemple. L’image est imprimée.
Critique de l’image générée : l’image produite est analysée et critiquée. Les élèves identifient les éléments pertinents et ceux à corriger.
Amélioration du prompt : ils modifient leur prompt pour obtenir une seconde image plus fidèle à la description.
Réflexion finale : les élèves discutent des limites et des possibilités des IA dans la création d’images, de leur satisfaction ou non des images générées…
Exemples de réalisation :
Lilian qui travaille sur le personnage d’Étienne.
Prompt 1 : Etienne est un jeune soldat il est petit et il est calme posé il envoie des lettre à sa marraine de guerre courageux arme à la main c est un poilu (soldat français) il fume.
Prompt 2 : crée une image suivant ce texte : Etienne est un jeune soldat il est petit et il est calme posé il envoie des lettre à sa marraine de guerre courageux arme à la main c est un poilu (soldat français) il fume il marche dans la tranchée sale casser il est sale avec un casque.
Prompt 3 : crée l’image sur ce texte : Etienne est un jeune soldat il est petit et il est calme posé il envoie des lettre à sa marraine de guerre courageux arme à la main c est un poilu (soldat français) il fume il marche dans la tranchée sale casser il est sale avec un casque il donne une lettre un an autre soldat très sale et très abîmés.
Ici, la troisième génération a été très intéressante pour parler structure de phrase avec Lilian. En effet, il était mécontent de l’image car « c’est Étienne qui reçoit les lettres, ce n’est pas lui qui les donne ! ». On a relu le prompt ensemble et il a bien vu que dans ce cas, l’erreur était la sienne, pas celle de l’IA.
Loïc et Pearley qui travaillent sur le personnage de Marie-Pierre, la marraine de guerre d’Étienne.
Prompt 1 : crée l’image à partir du texte : C’est une jeune femme qui est douce et à l’écoute,elle habite a la campagne elle lui cuisine des plats,lui prépare des colis,lui fait du tricot et lui écrit des lettres en lui disant qu’elle est inquiéte.
Prompt 2 : crée l’image correspondant à ce texte : C’est une jeune femme stressée qui est douce et à l’écoute,elle habite à la campagne elle lui prépare des colis,lui fait du tricot et lui écrit des lettres en lui disant qu’elle est inquiete un visage qui n’est pas maquillé et qui exprime la peur, ses yeux sont cernées.
Nathan qui travaille sur le personnage de Gaspard.
Prompt 1 : crée l’image à partir du texte : Gaspard est un vieux soldat de 35 ans, il a une barbe , des cheveux longs, il adore fumer, a un uniforme de soldat français de la guerre 14 un peut abimer . Il se bat dans des tranchées et n’a pas peur de la mort et semble prêt à se battre.
Prompt 2 : crée l’image à partir de ce texte : Gaspard est un vieux soldat de 35 ans, il a une barbe , des cheveux longs un peu sales , il adore fumer, a un uniforme de soldat français de la guerre 14 très abimé . Il se bat dans des tranchées dévastées remplies de cadavres et n’a pas peur de la mort et semble prêt à se battre.
Saïd, néo-arrivant apprenant le français.
Avec Saïd, c’était un peu particulier, on a aussi utilisé l’IA pour le texte. Il a noté des mots comme : casque, soldat, fusil, tranchées, sale, peur. Puis l’IA (via la traduction et la génération) l’a aidé à obtenir un texte exploitable.
Prompt 1 : crée une image d’un soldat pendant la Première guerre mondiale dans les tranchées. ll faut qu’il ait un casque sur la tête et qu’il soit sale. Il faut qu’il ait un fusil. il a peur. la tranchée doit être sale.
Prompt 2 : crée une image d’un soldat pendant la Première guerre mondiale dans les tranchées. ll faut qu’il ait un casque sur la tête et qu’il soit sale. Il faut qu’il ait un fusil. il est prêt à combattre. la tranchée doit être sale.
Bilans :
- Les élèves ont apprécié l’activité, ils se sont mis volontiers à l’écriture, par curiosité de ce que l’IA allait en faire.
- Ils ont été critiques sur ce que l’IA produisait et très fiers quand le résultat correspondait à leurs attentes, ce qui a soulevé avec quelques élèves la question : qui est l’auteur de l’image ? Loïc est très clair à ce sujet : « sans moi, elle fait rien ! ».
- Les élèves ont compris qu’ils étaient meilleurs que l’IA sur certaines compétences. Ils se sentent souvent moins bons car elle « écrit » bien et beaucoup. Cette activité a permis de démystifier un peu le fonctionnement des IAG.
Perspectives :
- Il serait intéressant de poursuivre l’expérimentation avec une IAG de texte, sur un domaine dans lequel les élèves ont des connaissances pour, à nouveau, leur permettre d’être critique face au texte généré par l’IA.
- Près du lycée, il y a un musée avec les uniformes sur la Première guerre mondiale. Une rencontre avec un spécialiste pourrait être envisagée pour parler des habits générés par l’IA et donc de la crédibilité de ces images générées. Cette idée nous est venue lorsqu’un élève a fait générer une image de Marie-Pierre sans préciser l’époque :
Prompt : créer l’image à partir de ce texte : Mary Pierre est pressée de finir de préparer à manger pour le soldat, et elle est nerveuse et porte de beaux vêtements, ses cheveux ne sont pas bien coiffés et sa chambre est pleine de chose.
