Après plusieurs années au sein du collège, classé en REP, j’ai constaté que deux choses se dégradaient chez les élèves : d’une part leur capacité à parler d’eux en public, à se raconter, avec sérénité et de manière objective ; et d’autre part leur capacité d’attention lors des échanges autour d’un corpus artistique. En effet, bon nombre voit mais sans réellement regarder les œuvres proposées.
Pour tenter de corriger cela, j’ai imaginé l’Escape Game : L’énigme M.E.A en lien avec la situation d’apprentissage : Et moi et moi, émois, afin d’interroger à la fois le procédé de la mise en abyme et l’autoportrait.
L’énigme M.E.A n’est pas à proprement parler un « Escape Game » mais plutôt un « Escape Cards », c’est à dire un jeu d’énigme se jouant sur table par groupe de trois ou quatre élèves. Ces derniers se mettent dans la peau d’une équipe d’enquêteurs devant venir en aide à un collègue imaginaire, menacé de renvoi.
En pratique, j’ai pu observer que les élèves, pris par le jeu, se sont mis à regarder avec attention les œuvres, à chercher à les découvrir et les comprendre, ce qui m’a permis de renouveler leur intérêt pour les moments d’échanges oraux autour des références artistiques. Le principal point négatif est l’effet chronophage de ce type de dispositif. Le jeu a mobilisé trois séances entières entre les phases de missions, de débriefings et le remplissage du rapport final.
Enfin, j’avais proposé ce jeu, composé de trois missions différentes, en amorce de séquence mais je pense qu’il serait plus judicieux de le proposé au gré de l’avancement des projets des élèves. Cela s’avèrerait moins modélisant même si la situation d’apprentissage limite cet effet en proposant aux élèves de réfléchir d’abord sur eux-mêmes au travers de la mise en abyme.
Cédric Delavalle, enseignant en Arts plastiques au collège Emile Littré de Douchy-les-Mines