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Hackathon avec les écodélégués

Anne Merlin est professeure de SVT et elle porte les dossiers de labellisation EDD dans l’établissement. Mélanie Serret est professeure documentaliste. Elles ont organisé un hackathon avec les écodélégués au sein du lycée Giraux Sannier de Saint Martin Boulogne.

Ce projet s’inscrit dans le cadre des TraAM Documentation 2023-2024 sur la thématique de l’intelligence collective.

Contexte : organisation d’une journée des écodélégués en début d’année.

Public : tous les écodélégués du lycée (filières générales, technologiques, professionnelles, supérieures).

Objectif : permettre aux écodélégués d’être acteurs et porteurs d’un projet dans l’établissement.

Compétences CRCN :

Mise en place :

Quel contexte d’établissement ?

En collège et en lycée, un élève par classe est élu écodélégué. Il y a 43 classes dans l’établissement qui est un lycée polyvalent (général, technologique, professionnel et supérieur). De fait, les écodélégués se connaissaient peu voir pas du tout et viennent d’horizons très différents, ce qui est à la fois une force pour l’intelligence collective mais aussi un frein car il faut qu’ils osent franchir certains préjugés et certaines barrières pour oser et accepter travailler ensemble. Les écodélégués doivent représenter leurs camarades et mener des actions en faveur du développement durable. Il est évidemment compliqué pour eux de communiquer et d’amorcer des projets alors qu’ils ne se connaissent pas. Nous avons donc réfléchi à un projet qui leur permettrait de faire véritablement connaissance, de communiquer et de travailler ensemble.

Qu’est ce qu’un hackathon ?

Nous pouvons définir un hackathon comme une activité coopérative sur une durée longue et continue, qui permet à une équipe de réaliser une production, d’après une problématique imposée, qui sera présentée à un jury.

Quel thème pour ce premier hackathon ?

La mission d’éco délégué ne suscite pas un réel enthousiasme au lycée. Beaucoup d’élèves nous ont expliqué qu’ils avaient été fortement incités pour cette mission et qu’ils ne voyaient pas l’intérêt des élections (ni de cette journée, d’ailleurs !)

Afin de ne pas limiter les projets possibles et par conséquent la créativité, nous avons fait le choix pour ce premier hackathon de prendre un thème très général : le bien être au lycée. Un questionnaire sur cette thématique, réalisé dans le cadre de l’organisation de ce hackathon et pour la labellisation EDD de l’établissement, a été proposé aux élèves du lycée en début d’année.

Déroulé :

  • Accueil des élèves et mise en groupe grâce à des badges de couleurs préparés en amont. Chaque couleur représente un niveau : 2nde GT, 2nde Pro, 1ère GT, 1ère Pro, Tle GT, Tle Pro, Supérieur. Les élèves ont pour mission de constituer des groupes avec le plus de couleurs possibles. Ainsi les niveaux sont complètement mélangés. Souci : les groupes ont parfois manqué de parité filles-garçons, ce sera une contrainte à ajouter pour une prochaine activité !

  • Une fois les groupes validés, les élèves ont pu bénéficier d’un petit déjeuner. L’ambiance y était glaciale, comme aucun élève ne se connaissait, ils ne discutaient pas ! Certains élèves avaient confié à leur professeur principal qu’ils ne souhaitaient pas venir à cette journée ou qu’ils n’y avaient pas leur place (un élève de filière professionnelle a ainsi expliqué qu’il ne voyait pas ce qu’il allait pouvoir apporter comme idée et qu’il ne s’y sentait pas à sa place).

  • Brises glaces. Nous avons animé deux brises glaces avec les équipes (un enseignant, qui prendra la posture de “coach” pour l’événement, avec deux équipes).
    • Durant le premier brise glace, nous avons formé un cercle, chaque lycéen a annoncé son prénom et mentionné s’il était dans l’équipe 1 ou 2. Puis, un lycéen devait lancer une balle de tennis à un autre élève en annonçant son prénom et s’il était dans son équipe ou dans l’autre. L’élève qui recevait la balle devait alors compléter une fois sur deux la phrase “je me sens bien au lycée car…” ou “je ne me sens pas bien au lycée car…” puis relancer la balle.
    • Pour le second brise glace, nous avons proposé l’exercice de la constellation pour identifier les atouts de chaque équipe : le coach énonçait une compétence et les élèves qui estimaient bien maîtriser cette compétence se rapprochaient du centre du cercle et ceux qui estimaient ne pas la maitriser s’en éloignaient.

Pour ces brises glaces, nous avons utilisé l’ouvrage DE SOUSSA CARDOSO Julie. 121 outils pour développer le collaboratif. Eyrolles, 2023.

  • Les élèves ont ensuite rejoint leur “quartier général” (table ronde) pour tenter de deviner, avec ce qui avait été proposé en brise glace, leur mission du jour. Les compétences mentionnées au second brise glace tournaient autour de l’oral, de la réalisation de vidéos, de la gestion du stress, de répondre à un jury… et le premier brise glace portrait sur le bien être. La plupart des groupes ont deviné globalement cette mission : faire une vidéo pour proposer un projet qui a pour but d’améliorer le bien être au lycée et la présenter à un jury qui poserait des questions. Bingo !
  • Idéation. Nous avons proposé aux équipes de dessiner un personnage qui serait notre lycéen mascotte sur les tableaux velleda, et de proposer (sur des post-its) des situations diverses qui pouvaient lui arriver et qui nuieraient à son bien être. Les élèves apprécient cette étape et s’adonnent parfois à des spéculations farfelues mais qui permettent aux autres d’oser, de rebondir et finalement d’avoir des idées originales. À la suite de cette étape, on a demandé aux élèves d’essayer de regrouper les post-its par thématiques, puis d’enlever ceux sur lesquels nous ne pourrions rien changer (le lycée est trop loin de chez lui…). Le coach tente d’aider les élèves à aller plus loin dans les réflexions.
    • Par exemple un post-it qui allait être enlevé (journée de 8h à 18h) : 
      • Élèves : “ça on ne peut pas changer grand chose, il y a beaucoup d’heures de cours à caser…”
      • Coach : “mais pourquoi c’est problématique de faire 8h – 18h ?
      • Élèves : “on ne descend pas en pression, on est crevés et on n’apprend plus rien… Souvent on part en fou rire mais c’est la tension…”
      • Coach : “donc, stress, fatigue… il y a peut être quelque chose à faire là dessus ?”
    • C’est cette équipe qui proposera un “club dodo”. Heureusement qu’ils n’ont pas retiré trop vite ce post-it !
  • Définition du projet. Après une pause (récréation et goûter, où l’ambiance est nettement meilleure : les élèves restent en groupes mais taquinent les autres groupes sur le meilleur projet), les élèves doivent choisir ce qui leur tient le plus à cœur. Les résultats du sondage sont mis à leur disposition pour qu’ils voient si leurs camarades ont repéré les mêmes problèmes qu’eux. Chaque équipe choisit un problème, l’illustre grâce aux chiffres du sondage si possible et réalise une première partie de la vidéo qui montre ce problème. Ils commencent en parallèle à réfléchir à des solutions possibles (sans accéder à des outils numériques dans un premier temps).
  • Recherches de solutions. Certains élèves vont réaliser des interviews pour mieux cerner le problème (interview du chef de cuisine sur le gaspillage alimentaire, du chef d’établissement sur l’impossibilité d’accéder à certains espaces extérieurs…) et d’autres recherches des solutions innovantes mises en place dans d’autres établissements. Une équipe dont un élève avait suivi un cours d’EMI sur l’utilisation des IA a utilisé plus d’outils : tandis que certains cherchaient des informations sur un moteur de recherche traditionnel, l’élève en question a mobilisé Perplexity avec des questions précises : 

Cette question du recours aux IA interroge : à la fois elle permet d’être très efficace et de donner des idées qui peuvent ensuite être être discutées, critiquées au sein du groupe. Elle peut aussi enfermer les élèves dans des solutions toutes faites, d’où l’importance dans ce type d’activité d’avoir un temps « déconnecté » entre les membres du groupe et leur coach qui pourront ensuite inviter des ressources extérieures diverses (personnes à interviewer en direct ou au téléphone, articles en ligne, témoignages via les réseaux sociaux, IA…)

  • Après la pause repas, une sieste contée par Jean-Paul Levasseur, poète conteur et partenaire du lycée depuis plusieurs années, a été proposée aux élèves. Les élèves ont apprécié : “ça change de d’habitude”, “ça permet de penser à autre chose et après on reprend mieux”, “je me suis presque endormi”… M. Levasseur leur a parfois demandé de participer, en répétant une phrase, en chantonnant, en utilisant un instrument, ce qui les encore une fois fait sortir certains élèves de leur zone de confort et permettant une complicité dans l’équipe écodélégués.
  • Repas digéré, sieste contée terminée, le chronomètre est lancé : les équipes ont normalement trouvé une solution à proposer. Il leur reste à finir leur vidéo de trois minutes maximum, certains souhaitent réaliser des interviews, d’autres faire des incrustations pour montrer ce que leur solution d’aménagement pourrait donner, d’autres continuent les recherches de solutions appliquées dans d’autres établissements et capturent des articles pour la vidéo, d’autres appellent ces établissements pour avoir plus d’informations, d’autres encore font des mises en scène… Le CDI se transforme en ruche et les vidéos sont récupérées avant la récréation de 16h. Certaines ne sont pas tout à fait terminées, mais les élèves pourront défendre leur projet à l’oral…
  • Présentation au jury. Les vidéos sont diffusées à tous les écodélégués, aux personnels du lycée curieux et au jury (proviseur adjoint, CPE, secrétaire d’intendance, professeurs…). Après chaque vidéo, les élèves sont félicités et questionnés sur le projet. Un vote (réalisé grâce à Wooclap) permet ensuite d’élire la meilleure vidéo, le projet le plus réalisable, le projet le plus ambitieux, le projet qui nous plait le plus… Et la journée prend fin, dans une ambiance très chaleureuse et… avec un goûter bien sûr !

Pourquoi organiser ce hackathon au CDI ?

Le CDI du lycée dispose de nombreuses ressources et espaces qui se veulent “capacitants” : tables rondes pour le travail collaboratif, tableaux, feutres velledas et post-its pour les phases créatives, lieux de détente pour les phases de communication, ordinateurs pour les recherches, tablettes et micro cravates pour la réalisation des vidéos. L’affichage du CDI est tourné autour du thème graphique de la ruche et c’est exactement ce que cet espace devient lors de tel projet.

Quel rôle pour le professeur documentaliste ?

Deux professeures, Anne Merlin, professeure de SVT, Mélanie Serret, professeure documentaliste, et un AED, Teddy, ont animé et coaché lors de ce hackathon. Le rôle du professeur documentaliste est d’apporter son expertise dans plusieurs domaines : la gestion de projet, la recherche d’informations (notamment autour des solutions possibles) ainsi que la réalisation d’une production médiatique (la vidéo). Une activité sur le journalisme de solution pourrait être envisagée en amont car le procédé du hackathon reprend globalement les grandes étapes de cette méthode journalistique. 

Et après ?

Des temps plus courts vont être proposés pour réunir les écodélégués. Le but étant de faire un point sur leur projet qui sera porté par eux mais aussi par les coachs et le jury du hackathon. 

Bilans :

  • Les élèves ont beaucoup apprécié la journée. Ils nous ont tous demandé si le projet serait reconduit l’année suivante. Tous les retours des enseignants qui ont questionné les élèves sont formels : ils ont rencontré de nouvelles personnes, ils se sont sentis bien, ils ont aimé porter un projet… Les élèves des sections professionnelles ont été valorisés (ils ont apporté leur expertise, notamment les menuisiers pour certaines réalisations) et cela les a rendu fiers. Ils espèrent maintenant que leur travail va avoir une suite.
  • Les élèves ont participé à une activité durant laquelle ils ont mobilisé l’intelligence collective en développant de nombreuses compétences du XXIe siècle : collaboration, créativité, résilience, résolution de problème, compétences numériques
  • Pour l’année prochaine, nous souhaiterions reconduire une telle journée avec des contraintes plus fortes pour ne pas reproduire cette journée à l’identique. Ayant suivi une formation Canopé sur l’intelligence collective avec une animation « poker design », nous pensons nous inspirer de cette pratique pour créer des cartes contraintes afin de mettre à nouveau nos équipes au défi !