L’IA sur les traces des grands explorateurs

Présentation des acteurs, établissement et projet : 

Benjamin Taverne, professeur de lettres-histoire et Mélanie Serret, professeure documentaliste au lycée polyvalent Giraux Sannier ont proposé à des élèves de 2nde GATL de faire une exposition en utilisant un outil d’IAG.

Ce projet s’intègre dans plusieurs axes des TraAM EMI 2024-2025 : 

• Axe 1 : IA et l’intégrité de l’information : les élèves ont été amenés à formuler des prompts précis pour générer des résumés de bonne qualité. Ce travail sur la précision permet d’insister sur la nécessité de guider l’IA de manière méthodique pour garantir la qualité de l’information.
• Axe 2 : Évaluation critique de l’IA et croisement des sources : les élèves comparent les productions de l’IA avec le corpus fourni, ce qui leur donne l’occasion de repérer des erreurs ou des approximations. L’objectif est d’accompagner les élèves dans le développement d’une attitude réflexive.
• Axe 4 : Compréhension technique des IA et sensibilisation aux biais : le projet s’inscrit dans une volonté de démystification des IAG : en confrontant les élèves aux limites de l’outil (erreurs de dates, qualité des générations parfois médiocre), les enseignants favorisent une compréhension du fonctionnement de ces IA.
• Axe 5 : Créativité numérique et intelligence artificielle : la production finale — un carnet de bord fictif — permet une créativité assistée par l’IA, mais non remplacée par elle. Les élèves doivent réorganiser l’information, l’incarner et la mettre en récit dans un cadre fictionnel crédible.

Contexte : 

Dans le cadre de la séquence d’histoire “l’expansion du monde connu”, et après avoir travaillé sur la thématique durant plusieurs séances, les élèves ont réalisé une tâche finale de conception d’un parcours d’explorateur avec l’écriture d’un journal de bord fictif. Les années précédentes, les élèves travaillaient à la sélection d’informations à partir d’un corpus élaboré par les enseignants. Cette année, les enseignants ont souhaité intégrer l’utilisation d’outil d’IAG.

Public : classe de 2nde GATL (en ½ groupes)

Objectifs : 

Vérifier la compréhension par les élèves des premières séances (objectifs des explorations, obstacles, découvertes, localisation géographique…) tout en les accompagnant dans un travail de sélection, d’appropriation et de réorganisation d’informations. Cette séance permet également de travailler la compétence “raconter” du référentiel des lettres-histoire. Il s’agissait également de commencer à appréhender les outils d’IAG et avoir un recul critique sur les usages.

Compétences :

Déroulé :

Lancement de séance

Répartition par binômes et attribution d’un voyage d’exploration (les voyages étant plus ou moins complexes et longs, une différenciation a été faite selon les compétences des élèves).

Utilisation de Duck Duck Go AI (pour rappel, cet outil ne nécessite pas de création de compte et permet le téléchargement des échanges entre l’élève et l’outil). Les élèves ont d’abord demandé un résumé en 10 dates de l’exploration. Ils ont ensuite comparé la date de début et la date de fin avec le corpus créé par les enseignants.

Etape 1.

Cette étape permettait de vérifier que les élèves avaient suffisamment précisé leur prompt pour obtenir une génération de texte sur la bonne exploration (par exemple, James Cook a fait 3 explorations et par conséquent chaque binôme travaillait sur une exploration différente). 

Cette étape était intéressante : en effet un élève qui a mal lu, ou mal compris la demande a des difficultés à préciser à son tour le prompt pour guider suffisamment l’outil.

Dans cet exemple, l’élève travaille sur le premier voyage de James Cook mais ne l’a précisé dans son prompt. Aussi, il obtient un résultat qui correspond à l’ensemble des voyages. Il va devoir préciser sa demande dans un second prompt. Il nous paraît essentiel de sensibiliser les élèves à une exigence de réflexion avant de prompter afin de minimiser les demandes et générations pour des raisons d’impact écologique.

Il est arrivé, très rarement, que la génération ne soit pas pertinente ou comporte des erreurs. Dans ce cas, les enseignants vont pouvoir évaluer la réaction de l’élève : a-t-il perçu la non pertinence de la génération ? a-t-il relancé l’outil en reprécisant sa demande ? 

Dans cet exemple, l’IA propose des dates correspondantes à la vie de Marco Polo et non uniquement à son exploration. Les professeurs vont pouvoir juger le prompt suivant pour vérifier que l’élève a fait une relecture critique de la génération.

Etape 2.

Ensuite, les élèves ont la consigne qu’ils doivent se mettre dans la peau d’un marin accompagnant l’expédition et qu’ils doivent rédiger 10 extraits d’un carnet de bord. Les enseignants reviennent sur l’importance d’avoir un prompt le plus précis possible.

Dans cet exemple, plusieurs éléments ne conviennent pas dans le prompt : l’élève demande d’inventer des événements et il ne se centre que sur les obstacles durant une date trop restrictive.

Ici, le prompt est plus clair mais la demande manque d’informations utiles pour diversifier les propositions que va faire l’outil d’IA.

Ces prompts permettront d’obtenir des textes plus satisfaisants, ce qui n’empêchera pas le besoin d’une relecture critique.

Etape 3.

Les élèves vont ensuite copier-coller le journal de bord obtenu avec l’IA dans une colonne et ils vont devoir proposer des améliorations dans une seconde colonne, à l’aide des corpus élaborés par les enseignants.

Dans ces 3 exemples, on voit les avantages et les inconvénients de cette activité : sur le premier exemple, l’élève est en capacité de modifier le texte généré avec des exemples pertinents, apportant ainsi de nouvelles informations. Dans l’exemple n°2, la génération est imparfaite, l’IA a mélangé les dates et les événements, permettant aux élèves d’apporter de nombreuses connaissances et de refaire complétement le texte. Dans l’exemple n°3, la génération est très bonne, donnant à l’élève une base difficile à améliorer surtout pour les élèves qui ont le plus de difficulté à approfondir.

Etape 4.

Les élèves, sensibilisés à la notion de droit à l’image, sont invités à rechercher des illustrations pour accompagner leur récit. Ils compilent ensuite l’ensemble sur des tableaux en liège pour constituer une exposition.

Exemples de réalisations :

Bilan réflexif :

• Cette activité a mis en difficulté les élèves qui devaient relire les générations, comparer avec les informations du corpus, critiquer puis améliorer. Elle demande de nombreuses compétences que les élèves de seconde professionnelle ne maitrisent pas encore.
• Elle initie les élèves à l’utilisation réfléchie des outils d’IA et à l’importance d’un prompt précis.
• Certains élèves ont trouvé que la génération n’apportait strictement rien et que l’IA les perturbait plus qu’autre chose. D’autres, au contraire, ont estimé que l’IA leur donnait une base et leur faisait gagner du temps. Certains ont vu l’intérêt d’améliorer les textes alors que d’autres ont trouvé que la base était satisfaisante et qu’ils n’avaient rien à apporter.
• L’évaluation portait sur les prompts, les modifications apportées par les élèves et la recherche d’images.

Article publié le 06 mai 2025.