Écrire et illustrer des contes avec l’intelligence artificielle
Laëtitia Graziato, professeur de lettres-histoire et Mélanie Serret, professeure documentaliste ont accompagné leurs élèves de CAP Menuiserie Fabricants dans l’écriture de contes et l’illustration de ces créations avec IA.

Ce projet s’inscrit dans le cadre des TraAM Documentation 2024-2025 sur la thématique de l’intelligence collective en abordant les questions suivantes : quelle place pour l’intelligence humaine ? quelle place pour l’intelligence artificielle ?
Contexte :
Dans le cadre de l’objet d’étude “rêver, imaginer, créer”, les élèves travaillent notamment sur l’univers du conte.
Extrait du programme : “L’intitulé « Rêver, imaginer, créer » est propice à susciter l’engagement des élèves. Il donne l’occasion d’activités d’écriture qui encouragent leur créativité. Il ouvre tout particulièrement le cours de français aux démarches de projet et à l’interdisciplinarité, et trouve des prolongements dans les enseignements menés en co-intervention.”
Public : 5 élèves de terminale CAP
Objectif :
Travailler sur l’écriture et l’illustration de contes en exploitant des outils d’intelligence artificielle. Cette séquence s’inscrit dans une approche mêlant compétences littéraires, culture numérique et réflexion critique sur les outils numériques.
Déroulé :
Pré-requis :
- Les élèves ont travaillé sur des contes et sur le schéma narratif.
- Ils ont déjà travaillé sur la génération d’images avec IA (avec ce projet).
Séance 1 (1h) : Génération et analyse des contes.
- Choix des « ingrédients » du conte à l’aide d’une carte mentale (héros, objet magique…).
- Génération d’un conte de 10 lignes maximum avec DuckDuckGo AI. Cet outil a été utilisé pour son engagement dans la non collecte des données personnelles et l’utilisation sans création de compte.
- Première lecture critique grâce à une liste d’éléments à vérifier : utilisation des temps du passé, découpage selon les étapes du schéma narratif, respect des éléments pour chacune des étapes (le héros est décrit…). Utilisation d’un digipad pour à la fois mettre des ressources et proposer des traitements de textes collaboratifs. Le pad de l’ENT aurait aussi pu être utilisé. L’avantage de ces outils est également qu’on peut visionner l’historique et ainsi voir l’évolution des textes des élèves.
- Les élèves relancent l’outil d’IAG selon les éléments manquants. Ils réalisent rapidement que s’ils ne mettent pas de contraintes (nombre de lignes, vocabulaire simple…), le texte ne correspond pas à leurs attentes. De même, s’ils ne mettent pas d’intention humaine, le texte va rapidement manquer de cohérence. Ici, un élève avait déjà une histoire précise en tête, il a précisé ses prompts et a rencontré moins de problèmes sur la cohérence globale de l’histoire. Un autre s’est davantage laissé porter par l’IA et l’histoire partait dans tous les sens.


Séance 2 (1h) : Révision et enrichissement des contes.
- Impression des contes et relecture par les élèves. Ils surlignent les éléments de notre liste pour vérifier la structure. Selon les situations, ils répondent à quelques questions que nous avons posées pour les aider à s’interroger sur la cohérence de l’histoire. Un travail sur le vocabulaire aurait pu être envisagé ici. Les élèves notent leurs nouvelles idées en mots clés sur des post-its (par exemple : décrire le héros, c’est un 4×4 de couleur bleu, il est neuf et très rapide). Ici, cette étape a été possible grâce à un nombre d’élèves très limité. Nous souhaitons reproduire ce projet avec des effectifs plus importants et c’est dans ce cadre que nous avons testé des agents conversationnels (voir plus bas).
- Réécriture et amélioration des textes avec de nouvelles contraintes.

Séance 3 (1h) : Enregistrement et illustration.

- Enregistrement audio du conte : lecture à voix haute avec le matériel radio. Cette étape est primordiale : les élèves ont réalisé certaines incohérences ou un vocabulaire pas toujours adapté. Un temps plus long aurait permis un entraînement et une meilleure qualité de lecture. Il pourrait aussi être envisagé de faire un habillage sonore des pistes enregistrées.
- Génération de trois images illustrant le conte à l’aide d’un outil d’IA (utilisation du compte ChatGPT de l’enseignante).
Séance 4 (1h) : Lecture, écoute active.
Lors d’une dernière séance, les élèves ont découvert le support avec tous les contes. Les enseignantes ont utilisé un outil d’IAG pour générer un QCM par conte (prompt : génère un QCM de 15 questions à partir de ce conte pour vérifier la compréhension du texte par des élèves puis sélection de 8 ou 9 questions). Les élèves ont aussi dû retrouver la morale de chaque histoire et s’exprimer sur leur personnage préféré, leur univers préféré, leur morale préférée ainsi que leur conte préféré.
Cette tâche de création de QCM aurait été très chronophage sans l’utilisation d’outils d’IAG !
Compétences :
EMI

CRCN

Psychosociales

Bilan réflexif :
Cette séquence a permis aux élèves de mieux comprendre la structure du conte et d’expérimenter l’écriture assistée par IA. Elle a pu être une béquille pour certains (difficultés fortes en orthographe, lexique parfois limité). La comparaison entre le texte généré et leurs attentes a stimulé leur esprit critique. Ils ont tous compris que s’ils ne guidaient pas l’IA, le résultat n’était pas satisfaisant, que l’intelligence humaine restait essentielle en entrée (prompt) et en sortie (relecture critique de la génération).
Axes d’amélioration :
➜ Prévoir un temps plus long pour l’enregistrement audio afin d’inclure un second d’enregistrement avec ajouts (bruitages, musique).
➜ Expérimenter l’usage d’agents conversationnels pour aider à la détection des incohérences dans les textes.
Tests d’agents conversationnels pour accompagner les élèves dans la réécriture.
Traditionnellement, nous utilisons des outils collaboratifs, comme le pad de l’ENT ou des drives, qui nous permettent de commenter les textes rédigés par les élèves d’une séance à l’autre. Ici, nous voulons qu’ils soient à l’origine de cette relecture, c’est pourquoi nous leur mettons à disposition une liste d’éléments à vérifier.
Néanmoins, certains élèves peinent à réaliser le manque de cohérence de leur histoire. Une piste pourrait être la relecture collaborative mais nos élèves ne sont pas prêts à une telle exposition aux autres. C’est pourquoi nous envisageons de tester des agents conversationnels.
1. Correction par l’enseignant.
Encore une fois, l’esprit critique restant du côté de l’humain, c’est la correction que nous trouvons la plus aboutie. Elle a néanmoins des aspects négatifs : non instantanée, généralement focalisée sur ce qui doit être amélioré et moins sur les aspects positifs car chronophage.

2. Utilisation de Mizou.
Cet outil peut être utilisé par les élèves sans compte. De plus, nous pouvons retrouver les interactions élève-IA directement dans notre compte, ce qui permet de voir comme l’élève a travaillé. Néanmoins, les corrections ne nous convainquent pas tout à fait…

3. Utilisation de MesGPTS (chatgpt version payante).
L’utilisation d’un chatbot GPT requiert un compte. Un compte spécifique, distinct de ceux des élèves, leur sera bien entendu fourni pour leur permettre d’utiliser cet outil : https://chatgpt.com/g/g-67a5de77b378819192fb5fa4557ff055-upgrade-ton-conte


Voir d’autres tests avec MesGPTS :
Annexe : réalisation des élèves :
