Anne Merlin, professeure de SVT, Benjamin Taverne, professeur de lettres-histoire et Mélanie Serret, professeur documentaliste, accompagnent une classe de seconde GT dans la découverte d’un prix littéraire créé cette année en partenariat avec Nausicaa : “prix océans : mieux les connaître pour mieux les préserver”.
Ce projet s’inscrit dans le cadre des TraAM DOC 2023-2024 sur la thématique de l’intelligence collective.
Contexte : le centre de la mer Nausicaa, grâce à deux professeures documentalistes du district, a lancé un prix littéraire qui permet aux élèves de découvrir 5 livres en lien avec les océans. Depuis plusieurs années, de nombreux élèves ont abandonné la lecture des livres proposés en cours, préférant des stratégies d’évitement telles que les résumés en ligne. Afin de faire de ce projet une expérience constructive pour eux, il a été décidé avec les élèves qu’ils n’auraient pas à lire à la maison mais que le projet se déroulerait uniquement sur des heures de cours, principalement pendant les heures de remplacement.
Public : une classe de seconde GT.
Objectifs : faire découvrir 5 livres aux élèves d’une classe de seconde générale, leur permettre de s’approprier ces livres grâce à des créations numériques collaboratives et les accompagner dans le développement de compétences psychosociales variées.
Compétences EMI
Compétences CRCN
Déroulé :
- Octobre à Février : découverte des 3 premiers livres, au CDI : 2×3 heures.
- Mars : découverte du 4e livre, à Nausicaa : 3 heures.
- Avril : découverte du 5e livre et création de l’escape game, au CDI : 4 heures.
- Mai : rencontre avec les collégiens.
- Juin : journée des océans.
Étape 1 : découverte des 3 premiers livres au CDI.
Cette étape a été réalisée en consacrant deux heures (non consécutives à cause des contraintes d’emploi du temps) à chaque livre. Les élèves, mis en groupe par les enseignants (les groupes changent à chaque séance) ont été amenés à découvrir le livre et à réaliser une production. Pour chaque livre, les élèves ont réalisé des activités différentes avec à chaque fois pour objectif de rédiger une critique qui devait répondre à la question “ce livre répond-il à la problématique “océans, mieux les connaître pour mieux les préserver” ? Un digipad a été mis en place pour recueillir les productions des élèves.
> S’il te plaît, dessine moi un cachalot.
Ce livre est certainement le plus déstabilisant. Il contient beaucoup d’informations sur l’espèce mais aussi beaucoup d’anecdotes car il est tenu comme un carnet d’observations, de recherches. Les élèves se sont répartis la lecture de l’ouvrage, une vingtaine de pages par membre du groupe. À partir de ce livre, les élèves ont été amenés à sélectionner des informations pour alimenter l’encyclopédie collaborative Vikidia.
> Le cri du homard.
Le seul roman de la sélection et un défi déstabilisant : se répartir la lecture du livre et réaliser un résumé sous forme de podcast. En première heure, on se répartit les cent premières pages (technique qu’on appelle lecture par arpentage), on prend des notes (avec au départ un accompagnement voire une démonstration par l’enseignant). Puis on se rend dans la salle média pour résumer à l’oral notre partie et on tente de faire du lien et de comprendre l’histoire. Pour la deuxième heure, on fait de même avec le reste du livre, et on va un peu plus loin dans l’enregistrement radio en se posant quelques questions sur la méthode de travail.
> Les abysses.
Un manga, mais qui se lit “à l’endroit” comme l’ont signalé les élèves. À partir de ce livre, les élèves ont été amenés à rédiger un résumé en quelques lignes puis ils ont sélectionné des informations pour alimenter l’encyclopédie collaborative Vikidia.
> Se jeter à l’eau.
Une bande dessinée très courte. Les élèves travaillent sur un résumé visuel, en équipe, puis le retranscrivent en mots sur un document collaboratif. Ils doivent ensuite se rendre sur Babélio, sélectionner un avis qu’ils jugent pertinent et enregistrer un audio pour argumenter ce choix.
> Océanides.
15 bandes dessinées sur divers thèmes. Les élèves en choisissent une, et réalisent un montage vidéo pour expliquer leur choix, résumer l’histoire et exprimer leur avis. Voir un exemple de production ici ou ici.
Bilans de cette étape :
> La mise au travail et l’organisation des élèves se sont clairement améliorées d’une séance à l’autre.
> Les productions sont globalement de qualité, les élèves ne lisent pas tout mais savent parler du livre et donner leur avis.
> Les objectifs pédagogiques manquent de clarté et certains élèves sont en recherche de sens. Pour une prochaine expérimentation de ce type, nous envisageons de donner sur chaque îlot une liste des compétences psychosociales et de faire réfléchir les élèves à ce qu’ils ont travaillé.
> La demande d’une note pour valoriser le travail fait est systématique. Le choix a été fait de mettre une note bonus selon la grille ci-dessous.
Étape 2 : découverte du quatrième livre à Nausicaa.
Une sortie pédagogique a permis aux élèves de réaliser deux missions. La première, en lien avec le projet Vikidia, a permis de finaliser les articles (cachalot, abysses, baleine, plancton, océan…) grâce aux différentes expositions de Nausicaa. La seconde a permis aux élèves de découvrir le livre qu’ils n’ont pas travaillé lors des séances de découverte au CDI :
1 : découverte du livre dans un espace de Nausicaa au choix des élèves (beaucoup ont bouquiné devant la grande baie),
2 : choix d’un espace en rapport avec la thématique et tournage d’une vidéo qui doit résumer le livre et dans laquelle ils doivent exprimer leur avis.
Bilans de cette étape :
> Les élèves ont accepté de travailler en groupes imposés au lycée, mais dans le cadre de cette sortie ils ont souhaité retrouver leurs groupes d’amis. Nous n’avions pas anticipé cette réaction et cela a occasionné le fait que certains élèves ont travaillé deux fois sur le même livre.
> Des représentants de la classe (gagnants du prix de la meilleure vidéo, délégués et écodélégué) se sont rendus dans une classe de CM1-CM2 pour présenter les articles Vikidia.
Étape 3 : construction d’un escape game sur le cinquième livre.
Les élèves ont déjà joué à trois escape game au lycée (accueil au CDI, réparer internet en SNT, la marraine de guerre en lien avec l’histoire). Tous sont unanimes : le contexte de l’escape game permet de travailler “vraiment” ensemble. Dans le cadre du jeu, ils osent dire, se contredire, et font ainsi avancer la réflexion :
Ils vont maintenant devoir réaliser leur propre jeu pour accueillir les collégiens qui travaillent aussi sur le prix.
Lors de la première séance, chaque groupe a découvert son livre et ils se sont rendus d’eux même sur le Digipad pour consulter le travail fait en amont par les autres groupes (et ils ont alors réalisé que tout le travail fait au préalable pouvait leur servir pour cette tâche finale).
Nous avons ensuite fait un point sur les mécanismes d’escape game qu’ils connaissaient (lampe UV, filtre rouge, code césar, utilisation de learning apps…) et ils ont réfléchi aux énigmes et au décor à mettre en place.
Le projet s’est terminé avec la venue des collégiens qui ont joué aux escape games des lycéens. Tous les élèves ont ensuite voté pour leur livre préféré.
Ils se rendront également à Nausicaa pour la journée mondiale des océans le 8 juin.
Bilan de cette étape :
- La création de l’escape game a permis de réellement fonctionner en « mode projet ». Les élèves ont réalisé qu’ils étaient porteurs de leur jeu et que celui-ci ne se ferait pas tout seul.
- Ils ont également mis du temps à réaliser que leurs jeux seraient réellement présentés aux collégiens et à la journée mondiale des océans.
Bilan général :
Les méthodes de découverte des livres ont pour certaines été très déconcertantes pour les élèves (arpentage, réalisation d’une vidéo…). Ces méthodes leur ont demandé de l’autonomie et des compétences psychosociales variées qu’ils n’ont pas l’habitude de mobiliser dans un contexte scolaire. D’une séance à l’autre, ils ont réellement évolué dans leur savoir-être, soudant ainsi la classe et favorisant l’entraide.